Dans ses souvenirs autobiographiques intitulés Raisons de Famille, Jacques Perret raconte avec humour comment le jeune garçon turbulent et rêveur qu’il était en 1916, trépignait d’impatience de rejoindre son frère aîné Louis parti au front et comment, prié de retourner au plus vite à son travail de classe, il s’entendit ordonner par son oncle sur un ton à la fois solennel et affectueux : « Que chacun fasse son devoir ! ». Derrière l’équivoque du mot, - le devoir et les devoirs scolaires - il entrevoyait sans doute pour la première fois cette dure réalité que l’on appelle le devoir d’état.
S’il est permis, et même plutôt sain, pour un jeune garçon de rêver d’aventures davantage que de théorèmes, il est dans l’ordre des choses pour ses parents d’obliger l’enfant à accomplir son devoir d’état : celui d’écolier en l’occurrence, en attendant d’avoir atteint l’âge des choix. On touche ici au rôle essentiel de l’éducation pour les parents et de l’obéissance pour les enfants.
Par ailleurs, la rêverie compréhensible chez un enfant l’est déjà beaucoup moins à l’âge adulte. Il est connu que « l’herbe est plus verte dans le champ du voisin », et que nous ne sommes que rarement satisfaits de notre état. Cette insatisfaction nous pousse trop souvent à rêver d’un autre état de vie au détriment de celui que nous devons accomplir.
L’enseignement de l’Eglise rappelé avec force par les papes, de nombreux évêques, religieux, religieuses et éducateurs, ne laisse pas de doute : la sainteté passe par l’accomplissement de notre devoir d’état et la tâche est si difficile qu’il n’est pas exagéré de parler de pénitence et d’héroïsme. Le message de la Sainte Vierge à Fatima : « l’accomplissement de notre propre devoir : voilà la pénitence que je demande maintenant » nous rappelle l’héroïsme quotidien, de ce devoir accompli jour après jour jusqu’au bout.
Enfin, notre devoir d’état ne saurait se limiter à nos devoirs envers l’Eglise, notre famille et notre métier ! Il concerne aussi notre engagement au sein de la cité.
Que dit le catéchisme ?
Le Catéchisme de l’Eglise catholique rappelle, entre autres, les devoirs des membres de la famille, ceux des enfants et des parents, définissant ainsi le devoir d’état lié à la vie de famille.
Qu’est-ce que les devoirs d’état ?
Par devoir d’état, on entend les obligations particulières que chacun a par suite de son état, de sa condition et de la situation qu’il occupe.
Qui a imposé aux divers états leurs devoirs particuliers ?
C’est Dieu qui a imposé aux divers états leurs devoirs particuliers, parce que ces devoirs dérivent de ses divins commandements.
Comment les devoirs particuliers dérivent-ils des dix commandements ?
Par exemple, dans le quatrième commandement, « Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. », sous le nom de père et de mère, sont compris encore tous nos supérieurs, et ainsi de ce commandement dérivent tous les devoirs d’obéissance, d’amour et de respect des inférieurs envers leurs supérieurs, et tous les devoirs de vigilance qu’ont les supérieurs envers leurs inférieurs.
De quels commandements dérivent les devoirs des ouvriers, des commerçants, de ceux qui administrent les biens d’autrui et autres semblables ?
Les devoirs de fidélité, de sincérité, de justice, d’équité qu’ils ont, dérivent du septième, du huitième et du dixième des commandements qui défendent toute fraude, injustice, négligence et duplicité.
De quel commandement dérivent les devoirs des personnes consacrées à Dieu ?
Les devoirs des personnes consacrées à Dieu dérivent du second commandement qui ordonne d’accomplir les vœux et les promesses faites à Dieu : car c’est ainsi que ces personnes se sont obligées à l’observation de tous les conseils évangéliques ou de quelques-uns.
Source : Mouvement Catholique des Familles