
Qu’est ce que le curé de la paroisse peut bien écrire au sujet de la Pentecôte ? Pas une homélie, il y a le rassemblement du dimanche pour cela… Mais je ne peux pourtant pas oublier qu’en cette fête, les chrétiens célèbrent le don de l’Esprit… Comment le comprendre ? Certainement pas comme la transmission de super pouvoirs magiques qui donneraient courage, force, discernement, paix… bref, tous ces biens qui souvent nous manquent cruellement. La Pentecôte n’est pas non plus la baguette magique qui nous permet de combler nos manques et de recevoir en abondance tout ce qui nous fait défaut.
Le don de l’Esprit est sans doute une réalité moins spectaculaire, mais plus intérieure. J’aimerais vous partager ces quelques lignes d’un écrivain chrétien, Philippe Mac Leod, extraites d’un de ses livres, "Avance en eau profonde" :
« L’Esprit ne t’envahira que par la place toujours plus grande que tu lui laisseras. Qu’il devienne le fond de ta conscience, la fine pointe de ton attention, la clarté de ton regard, l’étincelle de chacune de tes pensées. Qu’il ne te quitte pas un seul instant et fasse de ta chair un membre du Fils qui s’étend à travers chacun de nous. Dans l’épaisseur du monde comme en toi-même, l’Esprit avance sans visage parce qu’il veut épouser tes propres formes, ces traits humains que tu pourrais aujourd’hui lui refuser….
Souffle, eau, feu, l’Esprit ne se révèle que dans la fuite, l’insaisissable, le mouvement, qui jamais ne se prend lui-même mais entraîne tout à sa suite… Nous avons à notre tour à propager ce rôle que l’Esprit joue en nous : celui d’éveiller.
Chaque fois que tu sentiras se nouer la communion, n’en doute pas, l’Esprit est là.
Chaque fois que naîtra d’un repli de ton cœur le don de l’un à l’autre, l’Esprit est là qui unifie de l’intérieur. Il invente des liens qui n’existaient pas avant nous, qu’il nous appartient d’affermir ou de prolonger. Nous les nommons amour, parfois avec beaucoup de légèreté, sans bien en mesurer la portée ni l’étonnante nouveauté dans notre monde. Lui qui instaure la paix, lui qui rassemble dans la perfection de l’unité, depuis l’origine il conduit l’univers à son terme, du Père vers le Fils et du Fils vers le Père, en passant à travers le plus infime, le plus singulier de nos chairs.
Si tu acceptes de peiner à sa suite, … si tu sais tout réentendre dans le silence de ton cœur, comme un écho plus profond donné aux événements, tu te familiariseras peu à peu avec sa façon de procéder, tout en finesse, en douceur, d’une touche si subtile qu’elle semble parfois imperceptible.
Sur un chemin qui ne s’apprend qu’en marchant et à nul autre pareil, jamais l’Esprit ne t’intimera un ordre, une directive ni ne te violentera. Il marche au devant de toi ».
À tous, belle fête de Pentecôte, au souffle de l’Esprit !
Henri Chesnel
Curé de la paroisse saint Jean-Paul II